LA FOLIE DE NOËL ©

Hier,soirée promotion à l'hyper du coin, de nombreuses remises à moins cinquante pour cent de vingt heures trente à minuit

 Je dois avouer humblement que j’ai cédé aux sirènes de la consommation, en me rendant dans ce magasin, un peu pour acheter, beaucoup pour voir. Si je n’ai rien acheté, coté spectacle, j’ai été gâté.

Tout d’abord le parking, dés vingt heures plus une place, plus de chariot non plus. J’hésite, vais-je rentrer dans ce qui m’apparaît, dès le début, comme une foire d’empoigne.   

A peine la porte passée, toutes les conditions sont réunies, la fête peut commencer. Aux quatre coins du magasin, des boni-menteurs hurlent à tue-tête dans leur micro. Encore 5 minutes de promotion par-ci. Attention une vente « flash » va commencer à l’autre bout du magasin. 

Me voilà au milieu de l’allée centrale. Une meute de « caddie[1] -consommateurs » fonce sur moi, comme un troupeau de buffles affolés par l’incendie dans la savane. Le troupeau charge sans se préoccuper des obstacles. C’est à qui donnera un coup de chariot pour passer le premier. Enfin cette avancée frénétique se calme, les « conso-conditionnés » sont arrivés à la promotion tant convoitée, le lot de 18 verres à moitié prix.

Tout à coup, explose, en écho à la voix mourante du vendeur de vaisselle submergé, l’organe de stentor du camelot légumier, offrant un cageot de mandarines par cageot acheté. La harde hystérique tourne les talons. Cette armée de spermatozoïdes s’élancent dans la course éperdue à l’ovule de la consommation.

Courez vite gentils consommateurs mais n’oubliez pas qu’à ce jeu les seuls gagnants sont les géants de la distribution. 

Noël était la fête de l’imagination des contes, de la joie du cadeau reçu, la profusion a détruit tous les symboles, l’histoire vire au cauchemar, l’imaginaire de nos enfants est remplacé progressivement par le mercantilisme de bas étage.

Gare à la gueule de bois  les réveils ne sont pas tous enchanteurs 

[1] Caddie est une marque déposée de la société Caddie SA